Le tout nouveau patron de la Minusma a, pendant près d’une heure d’horloge, entretenu les hommes de médias qui ont voulu en savoir davantage sur les actions quotidiennes de la Mission, mais surtout ce qui va changer après la récente concertation d’Alger.
Sur ce dernier point, le conférencier s’est empressé de préciser que cette réunion n’était nullement celle du Comité de suivi de l’Accord, mais plutôt une concertation de l’ensemble des acteurs de la mise en œuvre de l’Accord. Elle visait à donner un signal fort, notamment aux parties signataires. Ce, au regard du retard accusé dans la mise en œuvre du document issu du processus d’Alger.
Partant, il s’est félicité de ce que cette réunion consultative leur a permis de constater dans les faits qu’il n’y a plus que deux camps : le camp de la paix et celui des terroristes. « Lorsque nous sommes arrivés à Alger, il y avait une prédisposition des tables qui a fait que toutes les parties maliennes (Gouvernement, Plateforme et CMA) se sont retrouvées derrière le drapeau malien. Ce jour, on n’a pas vu un mouvement signataire dire qu’il est derrière un autre drapeau. Cela est extrêmement important », a soutenu le diplomate, même s’il s’est par ailleurs montré conscient que ces différentes parties ont des points de vue différents sur les solutions à apporter à la crise. S’il est d’accord que le communiqué final ne reflète pas forcément toutes les conclusions de la rencontre, Mahamat Annadif est tout de même convaincu d’une chose. C’est qu’il y a eu une avancée lors de cette dernière rencontre d’Alger et, depuis leur retour, beaucoup de choses positives ont été enregistrées dans la mise en œuvre de l’Accord. « Le climat est de loin meilleur que ce qu’il était avant, beaucoup de textes ont été pris, beaucoup de déclarations ont été faites. On peut donc raisonnablement estimer qu’il y a un accord, mais il y a aussi un avant et un après rencontre du 18 janvier… », a souligné l’orateur.
Que fait concrètement la Minusma pour le retour de l’administration à Kidal ?
En réponse à cette question, le patron de la mission onusienne a souligné que la mise en œuvre de l’Accord est un processus qui voit la Minusma poser quotidiennement des actes afin que Kidal revienne dans le giron du Mali. « Il faut briser cette barrière psychologique qui est la conséquence de ce que nous avons connu. Je ne peux pas dire aujourd’hui un délai, mais cela va arriver parce que cela fait partie de ce processus qui progresse de façon sûre et certaine », a-t-il promis, tout en soulignant au passage le caractère irréversible du processus de paix.
Le Gouvernement annonce un ” pré-cantonnement “.
Au sujet du cantonnement des ex-combattants, Mahamat Saleh Annadif a rappelé qu’il y a toute une série de mesures préalables. Mais l’un des éléments positifs qu’il a notés sur ce plan, c’est l’annonce faite ce lundi 25 janvier par le Ministre en charge de la Défense au cours d’une visite à Tombouctou. Laquelle annonce est relative à la prise en charge immédiate de l’ensemble des ex-combattants qui sont censés être cantonnés. « On a même employé un terme qui n’existe pas dans l’Accord. Tout cela pour créer la confiance. Pour faciliter les choses, le ministre nous a parlé de pré-cantonnement », s’est réjoui le chef de la Minusma. Cette mesure est d’autant plus opportune à ses yeux que d’ex-rebelles concernés par le processus de DDR (désarmement-démobilisation-
Par ailleurs, dans la perspective d’un éventuel renouvellement du mandat de la Minusma en juin 2016, il a fait savoir que « le plus important n’est pas de dire qu’on a un mandat anti-terroriste ou pas », mais plutôt ce qu’on fait sur le terrain. Partant, le conférencier, après avoir rappelé les différents mandats de la Minusma et les contextes dans lesquels ils sont intervenus, a souligné que le Conseil de sécurité de l’ONU définit toujours le mandat en fonction des réalités sur le terrain. Et M. Annadif d’indiquer : « nous disons tout simplement au niveau de la Minusma que la meilleure façon de combattre le terrorisme, c’est de tout faire pour mettre en œuvre l’Accord de paix. C’est de les rendre étrangers dans ce pays qu’ils ont essayé de prendre en otage et de les isoler ». L’une des missions de la Minusma est, dit-il, de faire en sorte qu’il n’y ait pas de terroriste au Mali et elle n’a pas besoin de mandat pour cela. Pour y arriver, elle compte surtout sur l’accompagnement de ses partenaires, notamment la force Barkhane.